Le Gâteau, Charles Baudelaire
🖤 TEXTE 🖤
(2) [Je découpais tranquillement mon pain, quand un bruit très-léger me fit lever les yeux. Devant moi se tenait un petit être déguenillé**, noir, ébouriffé, dont les yeux creux, farouches et comme suppliants, dévoraient le morceau de pain. Et je l'entendis soupirer, d'une voix basse et rauque, le mot : gâteau ! Je ne pus m'empêcher de rire en entendant l'appellation dont il voulait bien honorer mon pain presque blanc, et j'en coupai pour lui une belle tranche que je lui offris. Lentement il se rapprocha, ne quittant pas des yeux l'objet de sa convoitise ; puis, happant le morceau avec sa main, se recula vivement, comme s'il eût craint que mon offre ne fût pas sincère ou que je m'en repentisse déjà.
Mais au même instant il fut culbuté par un autre petit sauvage, sorti je ne sais d'où, et si parfaitement semblable au premier qu'on aurait pu le prendre pour son frère jumeau. Ensemble ils roulèrent sur le sol, se disputant la précieuse proie, aucun n'en voulant sans doute sacrifier la moitié pour son frère. Le premier, exaspéré, empoigna le second par les cheveux ; celui-ci lui saisit l'oreille avec les dents, et en cracha un petit morceau sanglant avec un superbe juron patois. Le légitime propriétaire du gâteau essaya d'enfoncer ses petites griffes dans les yeux de l'usurpateur ; à son tour celui-ci appliqua toutes ses forces à étrangler son adversaire d'une main, pendant que de l'autre il tâchait de glisser dans sa poche le prix du combat. Mais, ravivé par le désespoir, le vaincu se redressa et fit rouler le vainqueur par terre d'un coup de tête dans l'estomac. À quoi bon décrire une lutte hideuse qui dura en vérité plus longtemps que leurs forces enfantines ne semblaient le promettre ? Le gâteau voyageait de main en main et changeait de poche à chaque instant ; mais, hélas ! il changeait aussi de volume ; et lorsque enfin, exténués, haletants, sanglants, ils s'arrêtèrent par impossibilité de continuer, il n'y avait plus, à vrai dire, aucun sujet de bataille ; le morceau de pain avait disparu, et il était éparpillé en miettes semblables aux grains de sable auxquels il était mêlé ].
(3) [Ce spectacle m'avait embrumé le paysage, et la joie calme où s'ébaudissait*** mon âme avant d'avoir vu ces petits hommes avait totalement disparu ; j'en restai triste assez longtemps, me répétant sans cesse : « Il y a donc un pays superbe où le pain s'appelle du gâteau, friandise si rare qu'elle suffit pour engendrer une guerre parfaitement fratricide ! »].
Charles BAUDELAIRE, « Le gâteau » (1862), Petits poèmes en prose
🖤 REMARQUES PRE-LECTURE - PARATEXTE 🖤
- IDENTIFICATION
1) AUTEUR : Charles Baudelaire.
2) DATE : 1862.
3) MOUVEMENT : précurseur du Symbolisme.
- ORGANISATION
1) DANS LE RECEUIL : le poème prend la 15ème place dans le recueil (sur 50).
2) DANS LE TEXTE EN LUI-MEME : écrit en prose, réparti en 4 paragraphes (P1-long / P2-court / P3-long / P4-court).
- PERITEXTE
1) TITRE : Thématique, à la fois Littéral et Métaphorique.
- EPITEXTE
MACROSTRUCTURE
MICROSTRUCTURE
INTRODUCTION
1) ACCROCHE : « Le Gâteau constitue généralement pour la critique le texte phare pour la compréhension du rapport entre Baudelaire et Rousseau », écrit Jeanne Dorn1.
2) PRESENTATION DU TEXTE : Ce poème en prose est extrait du recueil de Baudelaire de même nom, Petits poèmes en prose, publié en 1857. Il commence par une description idyllique d'un paysage où le narrateur se perd. Cette sérénité est brusquement interrompue par l'apparition d'un enfant en haillons, suivi par un autre, tous deux se disputant férocement un morceau de pain offert par le narrateur.
3) CARACTÉRISTIQUES : Ainsi, Baudelaire évoque plusieurs éléments empreints de rousseauisme, tout en y insufflant une pointe d'ironie. D'une part, la description de la nature revêt une dimension romanesque mais bascule rapidement dans l'hyperbole. Racontée par un je presque naïf, la voix de Baudelaire transparaît néanmoins par moments. De plus, la morale finale pessimiste sur la nature humaine, en opposition aux idées de Rousseau, semble constituer une réponse critique au philosophe. Le poème peut ainsi être interprété comme une manière pour Baudelaire d'exprimer sa position vis-à-vis des idées de Rousseau. En somme, le poème apparaît comme une production hybride, alliant les influences de Baudelaire et de Rousseau, se rapprochant ainsi de la littérature d'idées, un poème d'idées en quelque sorte.
4) PROBLÉMATIQUE : Comment Baudelaire, à travers une description à la fois idyllique et menaçante du paysage, ainsi que de la violence de la nature humaine, engage un dialogue critique avec plusieurs idées rousseauistes ?
5) PLAN : Le poème est déjà structuré en trois parties distinctes, chacune marquée par une dominante textuelle. Dans le premier mouvement, qui s'étend du début à « l'eau de neige », le texte est descriptif, présentant un paysage romantique. Dans le deuxième mouvement, de « je découpais » à « mêlé », le texte devient narratif, relatant la scène et le résumé du « combat » entre les deux enfants. Enfin, dans le troisième mouvement, de « Ce spectacle » à la fin du texte, le poème devient explicatif, proposant une « morale » qui transforme le poème en un apologue. On peut aussi dire qu'il est ici divisé en 3 mini discussions baudelairo-rousseausiste : la première sur la nature romantique (plusieurs écrits pastoraux de Rousseau), la deuxième sur l'enfant (notamment avec L'Emile) et la dernière sur l'homme (X).
DÉVELOPPEMENT
1) MOUVEMENT 1 - LE PAYSAGE ROUSSONNIEN REVISITÉE (OU MINI-DISCUSSION SUR LA NATURE ET LE ROMANTIQUE) :
a) DESCRIPTION IDYLLIQUE
✏ Cette partie descriptive débute par la phrase verbale « Je voyageais. » qui marque l'esprit de par sa construction minimale SV, le point final laissant un moment de pause qui évoque déjà un narrateur transporté par la beauté de la nature.
*ASCENSION PHYSIQUE
- Le début du poème présente des similitudes avec les Rêveries de Rousseau, les deux sont des promenades solitaires écrites à la P1 (le narrateur escalade ici une montagne), et représentent l'exercice du « Marcher-penser-écrire »2 qui pousse à des descriptions mélioratives de la nature :
°L’isotopie de la légèreté et de l’élévation est omniprésente à travers des termes comme « atmosphère », « légèreté », « pensées voltigeaient », « nuées », « coupole du ciel », « montagne », « aérien », « ascension », « lever ».
°L’isotopie de la paix et de l’harmonie se manifeste avec des mots tels que « pure », « amour », « cœur », « clochettes », « solennelle », « paix », « silencieux », « parfaite béatitude ».
b) LE COTE SOMBRE
- Les termes évoquant la chute et la profondeur, en contraste avec les isotopies de l’idylle, comme « au fond des abîmes sous mes pieds », « choses terrestres », « immense profondeur », « roulèrent sur le sol », « par terre » sont utilisés = créent une dualité dans la perception du paysage, où l’apparente beauté masque une profondeur inquiétante.
- Le premier mouvement se distingue par des périodes (dont une ci-dessous) et des propositions complexes, souvent morcelées ou télescopiques : « Mes pensées voltigeaient avec une légèreté égale à celle de l'atmosphère ; les passions vulgaires, telles que la haine et l'amour profane, m'apparaissaient maintenant aussi éloignées que les nuées qui défilaient au fond des abîmes sous mes pieds ; mon âme me semblait aussi vaste et aussi pure que la coupole du ciel dont j'étais enveloppé ; le souvenir des choses terrestres n'arrivait à mon cœur qu'affaibli et diminué, comme le son de la clochette des bestiaux imperceptibles qui paraissaient loin, bien loin, sur le versant d'une autre montagne » (parallélismes de constructions + unité sémantique et syntaxique + apodose finale à partir de « qui paraissaient loin » où le rythme s’allonge en plus de chuter, comme pour imiter la distance dont parle le narrateur) + la cadence majeure dans plusieurs phrases : « Sur le petit lac immobile, noir de son immense profondeur, passait quelquefois l'ombre d'un nuage, comme le reflet du manteau d'un géant aérien volant à travers le ciel » / « Et je me souviens que cette sensation solennelle et rare, causée par un grand mouvement parfaitement silencieux, me remplissait d'une joie mêlée de peur ». ✏ Ces éléments participent à un style élevé, générant ici un rythme particulier et une impression de beauté brutale, ce qui renforce l’ambivalence du paysage décrit.
- Allitération en /s/ : « une si longue ascension » = accentue la fatigue, évoquant une respiration qui siffle + l’évocation directe de la “fatigue” et de la faim (“soulager l’appétit” avec soulager ici un verbe fort de sens puisque renvoie à une souffrance) + c’est le plus long paragraphe du poème = illustre typographiquement la longueur et la langueur de la montée.
- Les cinq sens (goût = faim, vue = description, ouïe= “clochettes”, toucher = “sensation”, les verbes comme “tirai” et la description de textures “de cuire”, odorat = “élixir” qui avait une forte odeur historiquement) et les quatre éléments (eau = “l’eau de neige”, terre = la montagne en elle-même ou l’ascension d’une terre levée, air = isotopie de la légèreté, feu = plus implicite, apparaît symboliquement dans les termes de “passions”, “haine”, “bestiaux”, et “mal terrestre” qui peut référer à l’enfer, etc ✏ les éléments “volatiles” sont le plus représentés dans ce premier mouvement, un destructeur et un autre donneur de vie, illustrant encore une fois une binarité et une ambivalence d’un paysage qui peut aussi se “volatiliser” à tout moment) sont employés de manière équivoques, à la fois pour enrichir la description mais aussi pour montrer que l’on reste sur ses gardes et que l’on scrute chaque détail de l'environnement, attentivement et pas seulement pensivement. Baudelaire, dès le début, suggère que le cadre du poème est polysémique, n'est pas tel qu'il semble, faisant ainsi peut-être allusion à la fin pessimiste.
c) UNE NAÏVETÉ CONTRASTÉE
✏ On peut dire que la description ambivalente est liée au fait qu’il y a deux voix qui s’expriment au fil du poème : celle du narrateur naïf et celle de Baudelaire, celui qui est attentif et celui qui est pensif.
*VOIX PENSIVE ET NAÏVE
- je non déictique avec présence de plusieurs modalisateurs d'énoncés et d'énonciation.
- Ces indices énonciatifs caractérisent le narrateur comme naïf. Le Larousse nous dit que « Qui est naturel, spontané, sincère : Une gaieté naïve », n'est-ce pas tout à fait le narrateur ? En effet, le narrateur naïf croit sentir la perfection de l'humanité.
- « j’en étais venu à ne plus trouver si ridicules les journaux qui prétendent que l’homme est né bon » Ce passage invite à penser à la thèse du philosophe Jean-Jacques Rousseau, qu'il défend dans le Discours sur l'inégalité parmi les hommes = « Le retour à l'état de nature est une hypothèse fictive ou une expérience de pensée créée par Jean-Jacques Rousseau pour montrer que c'est l'influence de la société qui a corrompu la nature primitive de l'homme » → le narrateur de retour dans une nature idyllique “redevient” un être bon, et plus que ça, pur, divin. Ce décor incite le poète a épouser le point de vue de Rousseau. On peut comprendre que le narrateur naïf se laisse emporter par la beauté de la nature et en oublie la réalité, comme le ferait théoriquement Rousseau = mauvaise chose.
*VOIX ATTENTIVE ET AVERTIE
- la P1 lorsqu'elle n'est pas émerveillé par la nature romantique tend à s'exprimer des fois de manière ironique et hyperbolique ce qui montre que Baudelaire s'exprime à travers ce narrateur. Les hyperboles : « grandeur et noblesses irrésistibles », « noir de son immense profondeur », « enthousiasmante beauté » ; Les comparaisons « l’ombre d’un nuage comme le manteau d’un géant aérien », « aussi vaste et aussi pure que la coupole du ciel », « légèreté égale à celle de l’atmosphère » (Parodie du style romantique de Rousseau ici également).
- La fin du mouvement devient de plus en plus ironique avec une voix baudelairienne plus implicite avec le retour aux choses prosaïques comme la faim, la fatigue et surtout l'évocation de l'élixir par exemple avec son sous texte envers les pharmaciens qui arnaqueraient les touristes = on s'éloigne déjà de l'image d'une humanité parfaite.
2) MOUVEMENT 2 - LA VIOLENCE ENFANTINE (OU MINI-DISCUSSION SUR L'ENFANT) :
a) HORREUR ET VIOLENCE
- La partie narrative s'ouvre avec « je découpais », qui « tranche » littéralement la partie descriptive et fait allusion à la violence soudaine et prochaine, en plus de désigner une action prosaïque, éloignée complètement du voyage et de la nature.
- Baudelaire a recours à des caractérisations qui sont toutes péjoratives : insistent sur la pauvreté (l’enfant est « déguenillé »), la maigreur (« yeux creux « ), le caractère sauvage (« farouches »), la saleté (« noir ») et même l’état mental avec les yeux « suppliants ».
- Une lutte sans merci s’engage suite à l’apparition d’un « autre petit sauvage » presque semblable au premier. Le poète insiste sur leurs similitudes « parfaitement semblable », « frère jumeau ».
- Le combat est décrit par une isotopie de la violence et de la menace : « yeux creux et farouches », « voix basse et rauque », « culbuté par un sauvage », « coup », « précieuse proie », « guerre », « sang », « griffes », « combat » = animalisation, bestialité, violence démesurée.
- Cette rixe finit de façon sanglante, le champ lexical du sang et de la violence nous fait basculer dans l’horreur : « saisit l’oreille avec les dents », « cracha un petit morceau sanglant » « enfoncer ses petites griffes dans les yeux » « appliqua toutes ses forces à étrangler » « exténués, haletants, sanglants ». On a des détails minute par minute de la scène → hypotypose.
- Description d’un registre héroï-comique (vocabulaire élevé et épique, personnages bas qui jouent le rôle de personnages élevés).
- On passe à la fin à un sommaire à l'imparfait itératif. L'auteur dénonce aussi l'inutilité du combat : ils combattent parce qu'ils sont violents et non plus pour le gâteau. Ainsi, devant les yeux du poète, les deux enfants deviennent ainsi des bêtes, malgré leur fraternité supposée : ils sont dans un même état de misère et, plutôt que de s'entraider, se battent jusqu'à faire couler leurs sangs.
b) L'EMILE
- Baudelaire n’utilise que peu la figure d'enfants faisant de leur présence quelque chose de non coïncidence ou générique ce qui laisse facilement notre esprit glisser vers une scène semblable dans l’Emile, œuvre centré sur l’enfance, évoquant également le fameux gâteau…
✏ La scène en question extraite de l'Emile : En m’allant promener avec lui les après-midi, je mettais quelquefois dans ma poche deux gâteaux d’une espèce qu’il aimait beaucoup ; nous en mangions chacun un à la promenade, et nous revenions fort contents. Un jour il s’aperçut que j’avais trois gâteaux ; il en aurait pu manger six sans s’incommoder ; il dépêche promptement le sien pour me demander le troisième. Non, lui dis-je : je le mangerais fort bien moi-même, ou nous le partagerions ; mais j’aime mieux le voir disputer à la course par ces deux petits garçons que voilà. Je les appelai, je leur montrai le gâteau et leur proposai la condition. Ils ne demandèrent pas mieux. Le gâteau fut posé sur une grande pierre qui servit de but ; la carrière fut marquée : nous allâmes nous asseoir ; au signal donné, les petits garçons partirent ; le victorieux se saisit du gâteau, et le mangea sans miséricorde aux yeux des spectateurs et du vaincu.
- Dans les deux “combats” le gâteau, l’objet réel, est déjà déréalisé par la place même qu’il acquiert et l’attraction exagérée qu’il exerce. Le gâteau est désigné comme un «prix», exactement comme dans le poème de Baudelaire: «le prix du combat» : chez Rousseau, la victoire s’illustre par la saisie du gâteau, la satisfaction de l’appétit / chez Baudelaire, il y a non seulement aucune victoire mais une double défaite : la perte du gâteau + l'inassouvissement de l’appétit. Mais le premier combat est déclenché par un “mimétisme” que Rousseau fait apprendre aux enfants, le second est “inné”.
3) MOUVEMENT 3 - LA NATURE HUMAINE (OU MINI-DISCUSSION SUR L'HUMANITE) :
a) MORALE BAUDELAIRIENNE
✏ Comme dans un apologue, la dernière phrase délivre la leçon du texte :
- La dernière partie, que nous choisissons de considérer comme explicative, commence par le syntagme nominal « Ce spectacle » - et non pas par la P1 comme c’était le cas pour les deux derniers mouvements -, instaurant une certaine distance afin de donner de l'objectivité à l'apologue final.
- Le dernier paragraphe du poème permet au poète de tirer les enseignements de la scène à laquelle il vient d’assister. La joie initiale du narrateur est gâchée : « Ce spectacle m’avait embrumé le paysage » (fin de l’idylle), « la joie où s’ébaudissait mon âme avant d’avoir vu ces petits hommes avait totalement disparu » (fin de la sensation de l'être humain parfait + on peut remarquer l’utilisation du terme « hommes » et non plus enfants comme pour prophétiser ce que tout enfant deviendra ou/et généraliser leur cas au reste des hommes).
- Ce spectacle m'avait embrumé le paysage, renvoie aussi à ce que le lecteur peut ressentir en essayant de comprendre les mini discussions engagées par ce poème. Pour ne plus être embrumé, il faut comprendre que l'homme n'est pas bon naturellement mais est cruel.
- « Il y a donc un pays superbe où le pain s’appelle du gâteau, friandise si rare qu’elle suffit pour engendrer une guerre parfaitement fratricide ! ». La ponctuation expressive traduit l’intensité de l’émotion du poète et confère à la fin du texte une tonalité désillusionnée.
- La ponctuation expressive (on note le point d'exclamation) signifie l'intensité de l'émotion du poète : il a perdu toutes les illusions fugaces qui étaient les siennes au moment de son ascension. La chute est d'autant plus difficile qu'il était monté très haut, proche d'oublier les misères terrestres de l'Homme. Mais l'arrivée des deux enfants, presque par surprise (« Mais au même instant »), lui rappelle durement la condition de l'Homme, privée de salut sur la Terre.
b) CRITIQUE DE CELLE ROUSSEAUISTE
- Baudelaire démolit l'idée de Rousseau en montrant la cruauté naturelle de l'homme = jette sur le genre humain un regard très pessimiste.
- Pendant ce siècle on s'intéresse à l'état de nature (état fictif où l'homme est sans société) et deux théories primaires émergent, celle de Rousseau et de Hobbs :
°Hobbs dit que l'homme dans cet état a peur de la mort, est cruel et égoïste (il n'y a pas de loi et va agresser les autres) = un « état de guerre de chacun contre chacun » (dans Léviathan) / « l'homme est un loup pour l'homme » (De Cive). L'état de nature est donc paradoxal : la lutte de chacun pour sa survie met incessamment en danger la vie de tous.
°Rousseau dit que l'homme naturel n'est pas peureux, est doté d'une pitié innée et d’une aptitude à subvenir à ses besoins. C'est la société qui corrompt les hommes.
✏ Baudelaire se range du côté de Hobbs et va même plus loin en suggérant l’impossibilité d’un futur état social ou un état social tout aussi violent que l’état de nature hobbesien…
CONCLUSION
1) RECAPITULATION : Baudelaire présente trois réponses aux idées de Rousseau qu’il énonce d’abord pour ensuite les discuter : l’homme qui se perd dans la nature perd la réalité (opinion de Baudelaire à la fin de la mini discussion 1). Cet état de nature ne permet pas de garantir la pureté de l’enfant (opinion de Baudelaire à la fin de la mini discussion 2) et subséquemment ne garantit pas celle de l’homme adulte qui est donc fondamentalement mauvais (opinion de Baudelaire à la fin de la mini discussion 3).
2) OUVERTURE : Le poème « Le Joujou du pauvre » des Fleurs du mal est aussi un apologue avec des enfants : anecdote mettant en scène deux enfants, un pauvre et un riche = décrit les différences de conditions de vie et met en lumière les inégalités sociales.
Wowww c'est une analyse très poussé voire presque d'un niveau max c'est génial mercii j'ai hyper bien compris le texte pour mon analyse du baccalauréat merciiii
RépondreSupprimerDeriennnn mais ce n'est pas non plus un exemple à suivre ! juste ma proposition : )
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